Témoignages de formateurs
Retrouvez dans cette section des témoignages de formateurs et formatrices qui proposent des activités à distance avec leurs apprenants.
Vidéos et enregistrements sonores via WhatsApp pour développer la créativité et la production orale
Lors du dernier atelier théâtre à la Maison des Cultures de Molenbeek, le groupe en formation avait visité la salle de spectacle dans la perspective d’y présenter une création à la mi-juin: des idées ont alors émergé, liées au travail déjà en cours. Nous nous sommes quittés, à la veille du confinement, avec l’intention de remanier les dialogues créés en improvisation et déjà travaillés durant les dernières séances.
Ce mouvement né du projet de créer ensemble a permis d’envisager la continuité d’un travail adapté à la situation : des enregistrements de dialogues ont été échangés individuellement avec pour objectif de se retrouver en sous-groupe en visio-appel. Ces rencontres ont aussi été l’occasion de partager la prochaine consigne et bien sûr de se raconter dans le contexte de cette singulière actualité.
Cette dernière a suscité le projet “Des capsules et Vous” proposé par le Centre culturel La Vénerie en partenariat avec Mémoire Vive/Vivre chez Soi : créer une vidéo à partir de “Que voyez-vous de votre fenêtre ou de votre balcon ?”. Un support a été envoyé au groupe comme modèle afin d’inviter chacun à réaliser sa vidéo. Une retranscription avec des corrections leur est ensuite soumise pour envisager une nouvelle prise de vue. Un montage est en cours et sera diffusé sur les sites des partenaires.
Nous avons également développé un parcours progressif reprenant les objectifs des niveaux A1 et A2. Nous leur envoyons une consigne de production orale et un texte oral de modélisation. Ils reçoivent donc ces deux envois sous la forme d’enregistrements sonores. Ensuite, ils nous renvoient leurs enregistrements sonores. Finalement, nous procédons à des reformulations correctes des structures langagières proposées dans les différents enregistrements.
Nous proposons des corrections phonétiques et syntaxiques. Nous mettons également l’accent sur la nécessité de s’approprier les enregistrements correctifs en les écoutant et en répétant les formes correctes.
Comme nous avons un niveau A2, nous revenons sur des thématiques de type les habitudes quotidiennes, les goûts, les courses … Nous ancrons cette démarche dans le contexte du covid 19.
Retrouvez le montage sur la page de la Vénerie
Prendre la plume et la parole
A l’heure avancée du confinement radical où l’ensemble des difficultés sociales ordinaires se sont marquées avec plus encore d’intensité et de sensibilité, que ce soit en termes financiers et budgétaires, de structures familiales, de logement, de santé, d’accès à l’information et aux moyens de communication, d’isolement…
A l’heure aiguë où les travailleurs sociaux que nous sommes sont, jour après jour, à l’écoute des problématiques qui se posent et dans l’action professionnelle et humaine, parfois contre vents et marées, pour éviter que les inégalités de toutes sortes ne s’étendent encore…
A l’heure prochaine du déconfinement hasardeux et générateur de peurs légitimes et d’interrogations souvent sans réponses certaines, les stagiaires du Piment prennent la plume et la parole, et expriment, au-delà de la fameuse fracture numérique, leurs volontés de « ne pas en rester là », entre constats sans appel et propositions qui ne peuvent rester lettre morte !
Consultez les vidéos
Développer la créativité et l’adaptabilité
Chez Infor-Femmes, s’adapter au confinement n’a pas été une mince affaire mais nous avons essayé de développer au mieux notre créativité, notre adaptabilité tout en mettant l’accent sur le lien social, afin de permettre à notre public d’être le mieux accompagné et soutenu dans cette période si singulière…
Cette période de confinement a pointé les inégalités criantes de notre société, et plus particulièrement celles qui frappent notre public, comme la fracture numérique. Nous avons dû multiplier les moyens de communication pour toucher tout le monde, puisque tout le monde ne dispose pas d’un ordinateur ou d’un smartphone: téléphone, Whatsapp, mail, courrier postal (pour envoyer des dossiers d’exercices…), visites sur le pas de la porte…
Pour le groupe FLE A1, nous avons très vite créé un groupe Whatsapp qui s’est révélé être un outil fort apprécié et bien pratique pour:
- Prendre des nouvelles des un·e·s et des autres, s’encourager
- Proposer des dictées, des compréhensions à l’audition
- Proposer des ateliers d’écriture, des productions d’écrits : « Journal d’un confinement », « Que voyez –vous depuis votre fenêtre, depuis votre balcon ? », « Mes nouveaux mots en cette période de confinement »…
- Echanger des photos prises chez soi : « une chose que je vois» (pour travailler la description)
- Proposer des tables de conversation à 4 (appel vidéo via le groupe Whatsapp)
- Appeler les apprenant·e·s individuellement (formatrice – apprenant·e) pour prendre des nouvelles et, sur base d’une de leur production, travailler la prononciation et leur permettre de corriger leurs structures langagières à l’oral
- Envoyer des capsules vidéo…
Au-delà des moyens de communication, la réalité des vies de nos apprenant·e·s est très différente d’une personne à l’autre: alors que certain·e·s sont submergé·e·s par le quotidien de la famille nombreuse et l’inquiétude ou le stress lié à la pandémie ou à des conditions de vie difficiles (logements précaires, perte du salaire du conjoint, maladies…), d’autres sont au contraire très isolé·e·s et certain·e·s n’osent pas sortir de chez eux·elles… Notre priorité a donc été de répondre aux besoins de chacun·e individuellement, que ce soit en français écrit ou oral, et surtout de garder le contact.
En FLE A2, nous avons notamment créé des binômes de discussion entre personnes francophones et apprenantes. Ces personnes s’appellent 1 ou 2 fois par semaine pour faire connaissance, et parler de sujets du quotidien. Au-delà du travail du français, c’est une occasion de sortir de l’isolement et de partager son vécu le temps du confinement.
Nous en avons enfin profité pour développer notre blog: www.inforfemmes.be/blog qui s’est révélé, en cette période de confinement, un nouveau moyen de garder le contact et qui tient à donner la parole à notre public. On peut y découvrir quelques témoignages de confinement… N’hésitez pas à les lire, à les partager avec vos apprenant·e·s, et à réagir !
Zoom, Drive et La maison des langues : les outils choisis par le Centre d’Entraide de Jette
Au sein de notre association, les cours de Fle sont donnés via l’application Zoom, il faut simplement créer un compte gratuitement.
Nous proposons également des exercices via le site La maison des langues : leur catalogue est gratuit et propose de nombreuses interfaces, là aussi il faut créer un compte gratuit.
Enfin, des exercices adaptés aux différents niveaux de nos apprenants sont disponibles via l’application « drive » du Centre d’Entraide.
Au Maître Mot, e-mails et WhatsApp pour le tutorat en ligne et Zoom pour renforcer l’interaction orale en classes virtuelles
En ce qui concerne les outils de communication, nous utilisons les mails, WhatsApp et pour l’un de nos groupes d’apprenants, le logiciel Zoom.
Les mails et WhatsApp sont utilisés afin de faire du tutorat en ligne. Il s’agit de proposer des activités de FLE en ligne auto-correctives (exercices linguistiques, compréhensions orales et écrites) d’une part et des productions écrites que nous corrigeons d’autre part. Toutes ces activités visent à consolider ce qui a déjà été étudié avant la suspension des cours en présentiel.
Ensuite, nous avons mis en place des classes virtuelles avec le logiciel Zoom. Naturellement, le volume horaire est bien moindre qu’en présentiel car c’est un outil qui est très sollicitant sur le plan cognitif. Le but est surtout de renforcer ce qui a déjà été vu. L’interaction orale est possible et c’est un outil intéressant. Pour plus d’informations sur cet outil, il y a des didacticiels.
Enfin, pour proposer toutes nos activités pédagogiques, nous nous appuyons sur nos supports numériques et sur une sitographie de FLE assez conséquente.
Adapter les activités en ligne aux réalités des personnes en formation : cours asynchrones, accessibilité via GSM et utilisations des plusieurs outils numériques
Au CSB, nous avons beaucoup pensé avec Fabrice à ce que nous pouvions proposer à nos apprenants.
Notre première question était de savoir si nous allions proposer des cours synchrones ou asynchrones. Sachant que la majorité de nos participants ont des enfants à la maison, la deuxième option était une évidence. Cela leur permet de faire les activités quand ils le souhaitent, même le soir quand les enfants dorment.
Ensuite, nous avons dû choisir une plateforme pour mettre nos activités, pour pouvoir les corriger et faire un retour linguistique aux élèves.
Cette plateforme devait être facile à prendre en main pour nous comme pour nos participants, et accessible sur ordinateur mais également sur GSM (certains n’ayant pas de PC). Nous avons porté notre choix sur Google Classroom.
Cet outil permet d’accès à la suite Google (Google Doc, Form et Drive principalement), de regrouper les activités au même endroit, ainsi que de pouvoir faire interagir le groupe-classe.
nous pouvons ainsi créer un cours type, en proposant des compréhensions orales et /ou écrites, des exercices de systématisation et des productions écrites (google doc) et orales (soit avec Vocaroo soit avec Whatsapp : les participants enregistrent leur production puis l’envoient au formateur)
Fabrice réalise également des capsules vidéo (via Youtube) pour s’adresser à ses participants.
Fabrice et moi nous sommes appuyés sur :
- les derniers webinaires de l’Institut français (disponibles sur Youtube) ainsi que les rencontres virtuelles d’Editions Maison des Langues : des idées précieuses y sont partagées
- accès premium EDML : pendant 4 mois, la maison d’édition offre un accès illimité à l’ensemble de ses ressources pédagogiques et à sa plateforme de cours
- la mise en ligne des manuels FLE chez Didier et Hachette FLE
- pour les cours synchrones, le logiciel Zoom est gratuit pendant les 45 premières minutes de cours
- Padlet : c’est un « mur virtuel » sur lequel on peut afficher tous les documents du cours (à partir d’un drive, d’un fichier sur son ordinateur ou d’un lien internet) : c’est très visuel et facile à utiliser
- Learning apps et Quizlet : pour créer des activités autocorrectives,
- enfin, un article utile : www.onemoreespresso.be
Marie partage son expérience avec un groupe en Cohésion sociale : entre essais, premiers échecs et petites victoires
Voici quelques activités menées avec mon groupe en Cohésion sociale 9h/sem niveau A2.
Avec ma collègue, nous avions déjà créé un groupe Whatsapp depuis le début de l’année. C’est très utile pour échanger des photos, des productions, mais aussi pour leur rappeler les heures de cours (s’il y a des congés, etc.)
C’était donc facile pour nous de communiquer avec le groupe lors de l’annonce du confinement car ils avaient déjà l’habitude du Whatsapp.
Nous leur avons très vite proposé une activité : « Racontez nous comment se passe votre confinement. Comment occupez-vous vos journées? Envoyez nous des photos et quelques phrases. » Nous leur avons demandé de nous envoyer leur texte par email. Mais nous n’avons reçu que 2, 3 réponses. Je pense que c’est dû au fait qu’ils n’ont pas l’habitude du mail ou qu’ils n’aiment pas écrire en dehors de la classe? Nous avons reçu des photos de textes écrits à la main. Deux dames ont également écrit sur le whatsapp qu’elles ne faisaient rien d’autre que prier.
Nous avons lancé un deuxième exercices : « Racontez nous vos rêves ». mais cela n’a pas pris non plus.
Par contre, ils sont très preneur des petits jeux de révisions. Nous leur envoyons des liens. Exemples :
J’ai aussi testé une compréhension à l’audition et 4 personnes ont participé.
Garder contact avec les stagiaires : les outils choisis par Harmonisation Sociale Schaerbeekoise
Les formateurs maintiennent un contact avec leurs groupes via WhatsApp. Ils leurs envoient des informations sur le coronavirus, mais aussi des vidéos YouTube, ils demandent des nouvelles, lancent des discussions et envoient des activités et des outils à utiliser en ligne pour que les apprenants continuent leur apprentissage pendant le confinement, mais il semble que peu d’entre eux font véritablement les activités. Les mamans sont très occupées avec les enfants. D’autres par contre envoient des exercices à faire corriger à leur professeur.
Pour téléphone – applications pour apprendre le français :
- Visionnage de vidéos en français (chansons…) sur YouTube
- J’apprends : application française très bien faite, pour les grands débutants
- Duolinguo
Pour ordinateur – sites web, avec activités en ligne :
- Poil de carotte 2018 : comprend des activités en ligne pour les niveaux A1 et A2.
- Brulingua : cours en ligne + tables de conversation virtuelles :
- Certaines activités de Français facile
- Certaines activités de Le Point du FLE 5
“Il faut continuer”, le message d’Hassiba de l’ASBL Objectif
Vendredi 13, je reçois un mail vers 13h (j’ai la poisse ?), de la responsable Education permanente de l’asbl pour m’annoncer qu’il ne faut pas venir donner cours ce lundi soir jusqu’à nouvel ordre. Les apprenants ont été prévenus. Je suis surprise ! En plus la veille les apprenants avaient insisté pour continuer les cours. Ils se disaient très motivés. J’ai répondu « mais bien sûr, on va continuer ! »
Bref, j’envoie directement un sms en réponse au mail pour proposer de poursuivre les cours via whatsApp. J’attends quelques jours, pas de réponse. Je contacte la responsable Education permanente de notre asbl, elle trouve que c’est une très bonne idée. Elle m’ajoute dans le groupe whatsApp de ma classe. Habituellement, c’est elle qui gère ce groupe pour informer les apprenants de mon éventuelle absence, par exemple. Je commence les séances via whatsApp donc, même si les apprenants ne sont pas nombreux.
Evidemment, le vendredi 13 quand en leur annonçant la suspension des cours, on ne leur avait pas dit que des cours à distance pourraient se mettre en place.
Enfin, tout se passe bien. Ils sont très contents. Ils m’envoient plein de remerciements et d’encouragements. Je suis ravie de voir une telle réaction.
Et à ma grande surprise, je constate de rapides progrès d’une apprenante en particulier. En effet, habituellement en classe, elle est très hésitante, fait beaucoup de fautes tant au niveau de la prononciation qu’au niveau de la syntaxe. Là dans ses messages audio, je trouve que c’est génial, il n’y a presque plus de fautes ! Alors je me dis que c’est très intéressant et qu’il faut continuer…
“Raconte-moi une histoire”, du récit au partage via WhatsApp
Je suis formatrice Alpha/FLE. Le 12 mars dernier, lorsque les mesures de confinement ont été annoncées, j’ai vite compris que le 13 mars serait le dernier jour où mes apprenants et moi allions partager un moment en classe.
Ce groupe d’apprenants est composé de primo-arrivants en alphabétisation. Ils étaient motivés à recevoir quelques exercices pendant cette période à durée indéterminée. Le seul moyen de communication accessible à tous dans le groupe est le téléphone et l’application WhatsApp.
J’ai donc décidé de leur envoyer les pages d’un livre en français facile venant des éditions de la Traversée spécialement écrit par et pour un public en apprentissage du français. J’ai choisi « La Rue du Chêne » : c’est l’histoire d’une rue. Un jour, il neige tellement fort que les habitants sont bloqués chez eux et ne peuvent plus aller travailler ou sortir de la rue. Cela faisait bien écho à notre situation actuelle. La différence, c’est que les habitants de la rue du Chêne peuvent se retrouver pour des veillées le soir et se raconter des histoires, des souvenirs.
Chaque jour, j’ai envoyé les pages d’un chapitre photographiées avec mon téléphone ainsi qu’un enregistrement de ma voix lisant ces pages pour que les apprenants puissent avoir un support.
A chacun des souvenirs raconté par les protagonistes de l’histoire, j’ai proposé aux apprenants de me raconter, de m’enregistrer un petit souvenir ou d’envoyer une chanson liée à un souvenir afin de pouvoir recréer sur notre groupe virtuel les veillées de la rue du chêne.
J’ai eu quelques retours mais globalement les apprenants ne me racontent pas beaucoup de choses. On se donne surtout des nouvelles du présent, de la famille, des amis et on se raconte parfois les activités qui ont occupé nos journées.
Je ne sais pas si les apprenants lisent les pages du livre, s’ils font les quelques exercices écrits (toujours proposés par photos sur WhatsApp) en lien avec ces pages mais je continue à les envoyer.
Je sais par contre que les audios où je leur lis les chapitres sont écoutés et l’histoire appréciée.
Nous arrivons à la fin de notre histoire ; je ne sais pas encore si je leur en lirai une autre ou non mais l’essentiel finalement est de ne pas perdre le contact. Chaque message vocal envoyé par les apprenants pour prendre des nouvelles les uns des autres est déjà une belle manière de maintenir notre dynamique de groupe.
Lorsque nous sortirons du confinement, le module sera « officiellement » terminé depuis longtemps mais j’espère que nous aurons l’occasion de partager un moment convivial qui clôturera joliment ces semaines particulières.
Créer une autre forme de proximité malgré la distance et assurer l’accès au savoir et aux savoir-faire pour tous : comment l’Université Populaire d’Anderlecht fait face au confinement
En tant que Coordinatrice pédagogique Adultes de l’Université Populaire d’Anderlecht, il était important – et ce dès le début du confinement – d’essayer de maintenir un lien avec les apprenants, de continuer à faire vivre le cours, sa dynamique ainsi que ses projets satellites en phase de finalisation en ce mois de mars 2020.
La position de l’équipe pédagogique de l’UPA pendant ce confinement est de porter – encore plus en cette période – les objectifs d’éducation permanente, de cohésion sociale et d’accès au savoir et aux savoir-faire pour tous et de maintenir un contact quasi quotidien avec la langue française.
Pendant ces trois premières semaines de confinement, nous avons testé plusieurs outils et divers canaux de communication avec les apprenants. Sachant que la majorité d’entre eux ne dispose pas d’ordinateur à la maison mais a un smartphone à disposition ; je me sers principalement du groupe Whatsapp du Cours de Français, qui existe depuis la rentrée scolaire et qui nous servait d’ordinaire à communiquer des informations d’ordre pratique (changement d’heures du cours, annonce d’une animation particulière, rappel des dates de congés scolaires etc).En cette période de confinement, cet outil est devenu notre principal canal de transmission et d’échanges de savoir entre les apprenants FLE de l’UPA et moi-même. Pour ceux qui n’ont pas Whatsapp ou qui ne souhaitent pas être sur le groupe, j’envoie des messages individuels via Facebook Messenger lorsque cela est possible.
J’ai donc testé plusieurs supports d’apprentissage afin de relever ceux qui remportaient l’adhésion des apprenants : la photo d’un exercice prise dans un manuel, un lien vers un e-manuel en libre consultation, des messages audio via la fonction dictaphone de l’application, des envois de liens vers des vidéos Youtube (des points de grammaire, des chansons, des films accessibles gratuitement et sous-titrés), la création de courts scénarios imagés via l’outil StoryBoard That…
J’ai également fait livrer à mon domicile un tableau blanc pour pouvoir réaliser des capsules vidéos, des leçons en format ultra-court sur des points déjà abordés en cours. En effet, j’ai fait le choix de « profiter » de ce confinement pour réviser les acquis car je pense que ce contexte particulier rend plus difficile la transmission et l’acquisition de nouvelles compétences : suivant moi-même des cours d’italien pour débutant, j’observe les avantages et les limites de l’enseignement à distance dans ce contexte.
Certains apprenants jouent le jeu du cours à distance et s’y prêtent avec plaisir. Ils recopient l’exercice sur leur cahier et m’envoient la photo par Whatsapp sur le groupe. Chaque soir, je prends une vingtaine de minutes pour répondre et corriger individuellement chaque exercice reçu : soit je modifie directement l’image avec la fonction ‘Dessin’, soit j’utilise la fonction ‘Réponse’ du message et je le commente à l’aide d’émojis pour faciliter la compréhension. Les messages audio ont également suscité l’enthousiasme des apprenants et ont permis à certain.e.s de se familiariser avec cette fonction très utile.
Après deux semaines de confinement, nous avons pris contact avec l’ensemble des apprenants Adultes de l’UPA toutes filières d’apprentissage confondues – et particulièrement avec ceux dont nous n’avions pas de nouvelles, ou qui n’ont pas internet à domicile. J’ai contacté plusieurs apprenants via un appel vidéo de l’application Whatsapp et cela a permis, en plus de pratiquer le français bien-sûr, d’échanger et de nourrir la relation d’une façon originale : nous sommes hors de la classe, nous nous montrons dans notre sphère intime… Cela rapproche et crée une autre forme de proximité malgré la distance.
Malgré la solitude de certain.e.s ou des situations difficiles pour diverses raisons, cette période inédite nous rend toujours plus solidaires les uns des autres et fait émerger un sentiment de bienveillance différent.
« Je me soumets à ce nouveau type enseignement tout en sachant que je vais à l’encontre de mon naturel. Je le vis comme un nouvel apprentissage… »
1 – Comment faire pour rester en contact avec mes apprenants ?
C’est d’abord leur envoyer des courriels régulièrement en veillant à ne pas leur mettre trop de pression pour m’assurer d’un suivi social et pour entretenir la philosophie de notre école c’est-à-dire favoriser le lien humain pour un meilleur apprentissage linguistique.
Pour leur donner cours à distance, je me suis inscrite à un cours via internet : Rencontre virtuelle FLE. Mon commentaire sur ce tutoriel : clair et concis mais ce cours nécessite un matériel adéquat à la maison c’est-à-dire un ordinateur et son accès, un traitement de texte et une imprimante. Et comme je n’ai pas la liste du matériel à la maison de chaque apprenant… Comment garantir une équité de l’apprentissage linguistique parmi les apprenants ? C’est pourquoi je préfère sélectionner et envoyer des exercices de révision interactifs de TV5 Apprendre le français où ils peuvent valider leurs réponses et s’auto-corriger. Ils connaissent cet environnement didactique pour l’avoir déjà pratiqué en classe sur nos tablettes. J’ose espérer que ces exercices sont pour eux également un moment de détente et de distraction qui les sorte de cette actualité mortifère. J’ai reçu à ce jour très peu de retour.
2 – Dans quel état d’esprit sont-ils depuis le confinement ?
Aucune idée, d’après leur comportement en classe, je ne peux que supposer qu’ils aillent dans l’ensemble plutôt bien. Je leur ai envoyé ce numéro 0800 35 243 : c’est un numéro pour répondre aux questions d’urgence sociale des Bruxellois.
3 – Dans quelles conditions d’habitat vivent-ils ce confinement ?
Aucune idée, nous avions bien parlé de leur habitat en classe, mais quid dans une situation de confinement ?
4 – Peuvent-ils encore se concentrer dans cette actualité anxiogène ?
J’imagine qu’ils le peuvent mais j’ai lu dans la presse (le e-Soir) que le pouvoir de concentration dans ce climat est réduit de presque la moitié et comme nous avons normalement 4 heures de cours par matinée…
5 – Où en est leurs motivations face à l’apprentissage linguistique ?
Comment évaluer leur motivation ? J’ai créé un compte WhatsApp, ils ont presque tous répondu à l’invitation, c’est plus souple et plus rapide que les courriels. Ils ont tous un smartphone, raison pour laquelle je me suis inscrite à un cours via internet : Un outil de production à la portée de tou.te.s : le smartphone. Actuellement, face à ce déferlement de nouvelles technologies, j’essaie grâce à LearningsApp, Paddlet ou Quizlet de créer de petits exercices d’appropriation et de révision de travaux vus en classe :
6 – Pour certains, quels sont leurs états de santé ?
La plupart sont en bonne santé, je crains plus le burnout pour les plus fragiles/isolés et loin de leur famille.
7 – Vont-ils ressentir mes messages comme des intrusions dans leur vie familiale ?
On en parlera après le confinement mais en fonction des réactions, c’est plutôt positif.
8 – Vont-ils lire mes courriels ?
Moins de la moitié me répondent.
9 – Sont-ils suffisamment conscients des risques de contamination ?
Nous avons vu, avant le confinement, toutes les mesures de prévention à suivre. Depuis, je leur ai envoyé des liens dans leur langue :
Pour conclure, numériser le présentiel est, en ce qui me concerne, un réel défi. Je me félicite d’avoir mis en place, en amont dans la classe, une méthode de travail en autonomie avec les tablettes et une communication personnalisée par courriel, outils/méthodes que je peux continuer à pratiquer hors de la classe.
Je me soumets à ce nouveau type enseignement tout en sachant que je vais à l’encontre de mon naturel. Je le vis comme un nouvel apprentissage…
« Mes cours FLE de niveau A2 se déroulent bien, et moi comme les étudiants sommes satisfaits » : malgré les difficultés, c’est important de « jouer le jeux »
Niveau A2 – 10 étudiants mixte, tous âges confondus – Public de type FLE B.
Je donne des cours tous les jours avec Zoom. Il permet aussi de séparer la classe en plusieurs sous-groupes virtuels, ce qui donne un avantage pédagogique et pratique considérable. Je suis assez satisfait des différentes possibilités qu’offre ce logiciel, comme celle de couper son micro individuellement, mais aussi celle de partager son écran, que j’utilise pour montrer des vidéos. Cette fonctionnalité, et le fait que les étudiants puissent eux aussi partager leur écran facilite beaucoup les choses. La prise en main du logiciel est relativement facile.
En parallèle, nous utilisons un manuel numérique en lien avec le manuel papier habituel. De même, pour partager des fiches, des vidéos, des audios et des fichiers en général, nous utilisons Google Drive, en amont et en aval du cours.
De façon générale, le cours se déroule bien, et moi comme les étudiants sommes satisfaits par l’utilisation du numérique pour continuer la classe à distance. Je n’ai aucun étudiant qui ait abandonné à cause d’une mauvaise expérience ou d’une insatisfaction face à ce type de classe.
Je déroule le même programme que celui du présentiel. Cependant, la progression se trouve légèrement ralentie du fait du contexte de classe virtuelle.
Je ferai ici part des quelques difficultés rencontrées :
Le cours virtuel est plus fatigant pour le professeur (et, peut-être, pour les étudiants) qu’un cours en présentiel. Le professeur doit effectuer beaucoup de micro-tâches (créer les groupes, séparer en petites classes, reformer la classe, préparer les fichiers compatibles, etc.) qui rendent le déroulement du cours quelque peu laborieux.
Il est plus difficile, en cours virtuel, de conserver la pleine attention des étudiants. Il sont plus vites distraits. Pour pallier celà, je fais des pauses plus souvent qu’à l’accoutumée.
Il est plus difficile de s’exprimer par mimes ou par dessins. J’utilise une ardoise pour remplacer le tableau habituel.
Lors des conceptualisations, notamment, il est difficile d’observer la réaction de chaque étudiant. Ainsi, il est moins évident de repérer s’ils ont compris, s’ils ont besoin de plus amples explications, etc.
Lors de la séparation en petits groupes virtuels, il n’est techniquement pas possible de “passer” dans tous les groupes de façon fluide. Ainsi, le professeur aura des difficultés à vérifier le déroulement des activités pour chaque groupe.
Je n’ai pas été en mesure de mettre en place certaines activités que j’utilise habituellement en présentiel, notamment celles qui demandent l’utilisation de diverses cartes distribuées en classe. Ainsi, j’ai du repenser plusieurs de mes activités. Le virtuel réduit le nombre et le type d’activités possibles.
Pendant les trois premières semaines de cours virtuels, certains étudiants ont eu des difficultés avec l’outil informatique. Passé ce délai, tout est devenu plus fluide. J’ai tout de même une étudiante qui n’a pas souhaité continuer le cours : avec ses enfants à la maison et un seul ordinateur pour toute la famille, cela était devenu trop contraignant. De même, la classe est grandement tributaire d’une bonne connection internet chez tous les participants.
En conclusion, je dirais que le bon déroulement du cours virtuel se fait à la condition que les participants soient volontaires et “jouent le jeu”. Eux seuls ont le contrôle de leur outil informatique. Ils doivent accepter de couper leur micro quand cela leur est proposé, de travailler uniquement en français lors du travail en sous-groupes, etc.
« Le problème de l’utilisation du numérique, c’est que l’espace physique est transformé en fenêtres » : l’expérience à distance d’un groupe FLE de niveau B1
Public âgé de 20 à 50 ans de type FLE B, d’une couche sociale où la fracture numérique se fait peu sentir.
J’utilise le logiciel Zoom pour donner mes cours à distance. Le programme de cours reste le même qu’en présentiel, si ce n’est que nous avaçons moins vite, du fait des contraintes liées à la pratique à distance. En effet, tout prend plus de temps par rapport à un cours en présentiel : expliquer et faire comprendre les consignes, partager des documents…
Le logiciel fonctionne correctement, est efficace et, même sans en utiliser absolument toutes les fonctionnalités, j’arrive à mes fins. De fonctionnalités, j’utilise notamment celle-ci : il est possible de créer de petits groupes de travail virtuels. Ainsi, lors de diverses activités, comme je le ferais en classe, je sépare les étudiants en petits groupes, afin qu’ils puissent travailler par deux en toute tranquillité.
Comme fonctionnalités, il en est certaines d’essentielles au bon déroulement du cours : la possibilité de couper son micro, par exemple. Il est indispensable que les étudiants activent leur micro uniquement lorsqu’ils prennent la parole, afin de réduire les nuisances sonores venant de leur environnement.
De même, il existe une fonctionnalité “lever la main”, qui facilite l’organisation du temps de parole dans le calme.
J’utilise le manuel numérique lié au manuel que nous utilisons habituellement en classe. L’éditeur en a offert l’accès à tous mes étudiants. Il permet les écoutes de documents en individuel et en petits groupes, et de devoir distribuer moins de documents.
Le problème de l’utilisation du numérique, c’est que l’espace physique est transformé en fenêtres, ce qui devient problématique lors de l’utilisation de documents multiples (textes, avec exercices, avec images…). On est vite débordés de fenêtres numériques. Certains de mes étudiants, lors des classes, utilisent simultanément leur ordinateur, leur tablette et leur téléphone afin d’avoir tous les documents à disposition. Pour pallier à ce problème, ainsi qu’à celui du rythme de mon cours ralenti par la distanciation, j’envoie beaucoup de documents en amont de la classe.
Un autre problème est la gestion des différents fichiers et formats. Sans connaissances solides en informatique, on est vite dépassé par les problèmes de compatibilité. De ce fait, et et du fait de la distance en général, une classe virtuelle demande plus de préparation qu’une classe en présentiel, même passés les premiers errements dûs à la prise en main de ce nouveau médium (qui a été, notez, assez rapide pour tout le monde).
Globalement, l’expérience est pour moi assez positive (entendu que nous n’avons, en ce moment, pas le choix du présentiel !). Les étudiants, eux aussi, sont assez satisfaits. Ils répondent présent, et s’en sortent bien avec les outils informatiques.
Au delà de mon expérience et de celle de ma classe, je me pose des questions à propos de professeurs, en général plus âgés, qui ont des difficultés de prise en main avec l’outil informatique. Cela peut représenter une vraie barrière pour la mise en place et le bon déroulement d’un cours virtuel. De même, il est indispensable que chaque étudiant possède les outils nécessaires (un ordinateur, au moins) pour participer à la classe virtuelle. Ce qui pourrait ne pas être le cas dans certains contextes.
« Même en dehors de la classe, même sans heures de cours, même à l’autre bout de la ville, votre apprentissage nous importe. Nous sommes là, nous ne partirons pas. »
Cette situation exceptionnelle nous met face à ce que nous savions depuis longtemps en terme d’apprentissage : l’inégalité de l’enseignement à distance pour les apprenants.
En effet, la question de l’accès au matériel est primordiale : qui a une connexion internet à la maison? Qui a accès à un smartphone avec carte mémoire qui permet d’accéder à diverses applications voire à un ordinateur et à une imprimante ? (Dans le cas de mes 24 apprenantes : aucune).
Et puis vient la question de l’accès à ces outils quand toutes ont des enfants, qui eux-mêmes reçoivent des devoirs numériquement et en quantité suffisante.
La place de la femme dans son apprentissage est également de mise : qu’est ce qui est le plus important entre l’aide aux devoirs, le soin à la famille, la logistique du quotidien et la formation individuelle ?
Quant au formateur, lui qui a insisté depuis des mois sur le contact et la communication comme condition sine qua none à l’apprentissage du français, se retrouve à faire partie de la longue liste disponible de formations en ligne.
À l’absurde de la situation s’ajoute la question du sens en cette période incertaine.
Le cours de français m’a toujours semblé être la fenêtre sur un autre monde, sur la possibilité de s’extraire d’un quotidien parfois oppressant et l’est encore plus à l’heure actuelle.
Ce postulat pris, le formateur peut envisager des propositions en ligne qui pourront laisser cette fenêtre, dont nous parlions, ouverte pour certains :
- Padlet et des propositions de production écrite : se présenter à travers une collection ; de ma fenêtre je vois ; …
- Learning apps et des mots croisés qui permettent de jouer avec du vocabulaire : j’ai fait le choix du shopping virtuel pour assouvir certains manques
- Et enfin WhatsApp pour faire groupe c’est-à-dire communiquer, s’envoyer des nouvelles, poser des questions et aider aux devoirs
Peut-être que quelques exercices de grammaire, des mots de vocabulaire, des messages Whatsapp et autres Padlet collectifs semblent bien creux en cette période.
Ils ont pourtant l’avantage de dire à nos apprenants : « Même en dehors de la classe, même sans heures de cours, même à l’autre bout de la ville, votre apprentissage nous importe. Nous sommes là, nous ne partirons pas. »
« faire en sorte qu’ils ne perdent pas leurs acquis par manque de pratique »
Je suis formateur FLE dans une ASBL à Schaerbeek avec des primo-arrivants.
En ces temps de confinement, j’avais envie de garder contact avec mes groupes afin de continuer leur apprentissage du français ou, du moins, faire en sorte qu’ils ne perdent pas leurs acquis par manque de pratique.
Je donne cours à un groupe d’alpha ainsi qu’à un groupe FLE A.
Je n’ai malheureusement pas trouvé le moyen de garder contact avec mon groupe d’alpha par manque d’application commune nous permettant de communiquer.
Par contre, avec les FLE, nous avons créé un groupe Whatsapp. Ce qui est bien pratique.
Après un bref échange visant à savoir si ils allaient bien, j’ai simplement commencé par leur envoyer comme consigne de rédiger une production écrite visant à se présenter (ce sont des A1.1). Trois de mes cinq apprenants se sont pris au jeu et m’ont envoyé, le jour-même, leur production. Je les ai corrigés et, depuis, chaque jour, je leur envoie deux, trois exercices et je corrige ceux de la veille.
C’est un moyen de communication assez basique mais, qui tout compte fait, se prête bien à la situation. Cela permet aux apprenants de rester actifs et de continuer à pratiquer le français malgré le confinement.
« Les échos des apprenants sont très positifs, certains travaillent le FLE avec plaisir et ce ne sont pas forcément les mamans avec enfants qui en font le moins »
Depuis le 16 mars, nous avons créé un groupe Facebook (privé) pour nos apprenants et leur famille, ainsi que les jeunes qui fréquentent le soutien scolaire. À ce jour, 42 personnes/familles sont membres et se connectent régulièrement.
Pour le FLE :
- Capsules vidéos ; réalisées par les formateur/trice avec exercices à la maison
- Cours de conversation par video (30 min par personne par semaine, en individuel)
- Publication des infos de la commune (aide alimentaire etc.)
- Publication d’exercices de relaxation ou sportives à la maison, conseils pour prendre soin de soin, informations sur le corona et activités pour les enfants (sites, tutos, histoires publiées par la Bib Saint Josse) ;
Le tout bien entendu en français. Il semble que de nombreux apprenants n’avaient jamais lu/écouté autant de français tous les jours !! Ils réagissent peu par écrit mais « likent » régulièrement.
Pour les JEUNES : aide au soutien scolaire en ligne tous les jours (individuel/video)
Pour les FAMILLES CONFINÉES : soutien scolaire en ligne pour les enfants (individuel) que les parents ne savent pas aider.
Les formateurs/trices appellent régulièrement aussi les personnes isolées de leur public, particulièrement ceux/celles qui n’ont pas d’outil informatique.
Les échos des apprenants sont très positifs, certains travaillent le FLE avec plaisir et ce ne sont pas forcément les mamans avec enfants qui en font le moins, contrairement à ce que l’on aurait pu croire. Apparemment, ces capsules et exercices leur changent les idées. De plus les moments de conversation vidéo en individuel sont des moments qui permettent d’échanger sur nos situations, les problèmes, comment va la famille, comment cela se passe dans le pays d’origine et ils posent beaucoup de questions aussi sur la situation de l’épidémie, le confinement quand ils n’ont pas bien compris les informations.
Bien entendu, pas de nouvelle matière vue, mais des révisions de ce qui a été travaillé en classe auparavant pour ne pas perdre les acquis.
Certaines familles font aussi appel aux formateur/trice pour soutenir les devoirs des enfants, vérifier l’exercice, expliquer une consigne. Tout cela se fait par photo des documents et vidéo en direct avec eux. Il semble que cette action soulage énormément certains parents.
Le tout se passe dans une atmosphère de bonne humeur, car le but de ce groupe FB est également construit de manière à voir des choses positives et rire un peu. Nous postons donc des vidéos humoristiques coronavirus présentées par d’autres personnes en confinement de par le monde, ainsi que des actions de solidarité que l’on peut faire chez soi (envoyer des lettres et dessins dans les maisons de repos, coudre les masques etc.). Le public nous dit que cela leur faire beaucoup de bien. Nous postons chaque semaine aussi une chorégraphie à faire à la maison (de Youtube), zumba, danse africaine… et plusieurs femmes nous ont dit le faire en famille.
Enfin, les services restent ouverts par téléphone pour tous les problèmes sociaux d’urgence, en particulier, concernant les violences intrafamiliales.
Témoignages d’ailleurs : Asinitas, un centre de formation en langue à Rome
Asinitas, un centre de formation qui offre des cours d’italien langue seconde pour étrangers, demandeurs d’asile et immigrés à Rome, en Italie, est fermée depuis le 9 mars.
Les formateurs qui y travaillent ont publié sur le blog “Minima et Moralia” un petit « journal de confinement » pour partager leur expérience.
Ce témoignage couvre une période d’à peu près une semaine (15-20 mars) et nous montre un parcours fait d’essais et petits pas, que nous avons essayé de résumer en quelques lignes.
Les collègues italiens témoignent avoir abandonné l’idée de continuer les activités de l’école à travers des plateformes virtuelles, comme Zoom par exemple, après un premier test : réseaux pas stables, portables pas assez performants, ou encore juste difficultés à se montrer dans son propre « chez soi » étant à la base de l’échec.
Par contre, WhatsApp, déjà expérimenté avant le confinement avec un groupe A2, semble mieux marcher. Les formateurs utilisent donc le groupe WhatsApp déjà existant comme « hall » de l’école pour continuer à partager informations et nouvelles. Pour les activités didactiques, ils décident de séparer la classe en quatre sous-groupes, qu’ils organisent par niveau et en essayant de garder une certaine hétérogénéité par rapport aux langues maternelles et au niveau de dynamisme des participants.
En gardant les mêmes horaires de cours, les formateurs proposent, jour après jour, des activités différentes : des plus simples (répondre à des questions, retranscrire des messages vocaux envoyés par les formateurs, ou encore répondre avec des audio aux questions des profs) à des activités bien plus complexes qui aboutissent en une sorte de « journal du confinement » des apprenants. Par exemple, les formateurs partagent des vidéos pour montrer aux apprenants « ce que j’aime faire à la maison » et, à partir de ceci, on leur demande de faire la même chose (par vidéo ou juste avec un audio), ou encore de « regarder par la fenêtre et exprimer ce qu’on voit et ce qu’on pense ».
Ce sont sans doute des pistes modestes, qui ne peuvent pas combler le vide de la fermeture de l’école, mais, comme les collègues de Asinitas le remarquent, « les tchats deviennent une archive de documents précieux, intimes ». Les interactions didactiques se font sur base des vidéos et partages des apprenants, les formateurs posent des questions et tout le monde interagit : « le groupe WhatsApp, tout en restant un outil peu approprié à l’activité d’une école pour étrangers, a au moins un point positif, c’est son horizontalité ».
Comme Luca Lòtano, auteur de l’article et formateur chez Asinitas, l’affirme : peut-être que nous devrions juste nous dire que cette relation digitale à distance ne répare pas du tout la rupture due à l’interruption de l’école, et que l’outil que nous utilisons n’est pas bon ; mais nous devrions plutôt nous dire que c’est la volonté de se retrouver, formateurs et apprenants, pour penser et créer la même chose au même moment, qui nous pousse à chercher de nouveaux moyens d’interaction didactique, même si rien de cela ne pourra substituer l’activité en présence.
Malgré « le désarroi, la fatigue et l’isolement », à Rome on attend le moment où tout ça sera fini pour faire une grande fête, « où tout le monde s’étreindra, nous monterons dans les maisons de gens qu’on ne connaît pas pour boire ou juste se toucher ». C’est avec cette image que Luca a voulu clôturer son article et, depuis Bruxelles, on ne peut qu’attendre ce même moment.
L’article complet, écrit par Luca Lòtano, formateur chez Asinitas, est disponible sur le blog Minima et Moralia.
Profils différents, résultats divergents
J’enseigne dans une école de promotion sociale à Bruxelles dans laquelle, comme l’a stipulé la FWB, nous sommes tenus de continuer nos cours à distance – dans la mesure du possible – depuis le début du confinement.
J’enseigne le français à deux types de publics différents, en ce qui concerne leurs niveaux de français, leurs attentes, mais également – et surtout – leurs moyens.
Ainsi, pour mon cours de FLE du soir (niveau B1 acquis), il a été relativement facile de mettre en place l’enseignement à distance. Dans un premier temps, je réalisais des PowerPoint pour leur présenter la nouvelle matière (agrémentés d’explications orales enregistrées sur le PPT) et leur proposais des exercices en ligne avec possibilité d’autocorrection (sur Bonjour de France notamment) ainsi que des quiz (via LearningApps, Kahoot, Wooclap). Dans un second temps, j’ai décidé de reprendre les cours en direct via la plateforme de visioconférence JITSI (qui fonctionne très bien et est facile d’utilisation !) ; mes étudiants étaient vraiment contents et d’autant plus motivés de retrouver nos interactions en direct (2 fois/semaine, en suivant l’horaire de cours habituel, mais en réduisant mes séances à 2h maximum, car la concentration n’est pas la même derrière un écran). J’ai également mis en place un forum sur Moodle (plateforme utilisée par l’école) sur lequel je les invite à faire part de leur opinion à propos d’un sujet différent chaque semaine.
Mes cours d’alphabétisation (public non scolarisé) se sont, quant à eux, révélés plus difficiles à mettre en place : en effet, mes deux groupes étant « tout » débutants – tant à l’écrit qu’à l’oral –, la communication n’était pas toujours évidente. Après beaucoup de recherches et de discussions avec mes collègues, j’ai d’abord décidé de contacter séparément chacun de mes apprenants via leur numéro de téléphone pour ensuite créer un groupe WhatsApp par classe (avec leur accord préalable). À travers ce groupe, j’essaie tant bien que mal de garder contact et de proposer des petits exercices de révision à faire en autonomie (tous les exercices que j’ai trouvés pour un public en alphabétisation niveau 1 sont repris dans ce Google Doc). En fonction des classes, plus ou moins d’étudiants répondent, plus ou moins d’étudiants font effectivement les exercices proposés.
Cette période de confinement n’est évidente pour personne et je trouve qu’elle met particulièrement en lumière les inégalités sociales qui demeurent… mais je me dis que, le principal, en fin de compte, c’est de montrer à nos apprenants que nous sommes là (sans pour autant les surcharger de travail) et de leur proposer, via les moyens à notre disposition (et à la leur), de rester le plus possible en contact avec la langue française.
Témoignages d’ailleurs : Jacint Carrió i Vilaseca, un centre de formation pour adultes en Espagne
Le jeudi quinze mars, à dix-huit heures, je reçois l’annonce de la fermeture du centre de formation Jacint Carrió pour le lendemain, pendant une période de deux semaines. Je me suis dit « bon, ça ne va pas être long, il faut que l’on continue afin de ne pas perdre le rythme de travail ». Donc, je me mets à préparer des activités de révision et de soutien scolaire et je les affiche sur des Padlets (murs virtuels) que je crée pour chaque groupe. En même temps, je contacte mes élèves par e-mail en annonçant cette possibilité de travail, pas obligatoire pour l’instant, mais qui peut les aider. Contre toute attente, peu d’entre eux réagissent et répondent à mon e-mail. Le confinement s’allonge en Espagne et devient plus strict. Je me rends compte que presque personne n’a utilisé les ressources affichées sur Padlet. Je me sens un peu frustrée. Je me demande pourquoi. Peut-être que certains d’entre eux sont touchés au niveau émotionnel à cause de proches malades ou parce qu’ils sont devenus chômeurs ; probablement certains élèves n’ont qu’un téléphone portable chez eux ou une faible connexion internet, peut-être qu’ils se sont démotivés… Je présume qu’au moins ils restent en contact entre eux sur Whatsapp.
Trois semaines plus tard, après Pâques, les instructions du Département de l’Éducation en Catalogne sont plus précises. Tous les cours officiels devront continuer en ligne et les activités pédagogiques vont être prises en considération pour l’évaluation finale. En même temps, les professeurs du centre de formation, nous nous organisons pour contacter à nouveau tout le monde et leur annoncer comment la suite des cours aura lieu et quels outils numériques seront employés.
À ce moment-là, je décide de changer mon stratégie pour la suite des cours. Première étape, j’utiliserai le courrier électronique, en me concentrant, d’abord, sur le côté émotionnel que nous sommes en train de vivre à cause du confinement, et je profite pour y joindre quelques activités, des documents PDF pour simplifier les choses. Le même jour, au bout de quelques heures, je reçois les premiers messages d’élèves qui sont ravis de répondre. Quelques jours plus tard, presque tout le monde s’est engagé à poursuivre le cours. Je me rends compte que la motivation pour la formation est en hausse ! Et que pour eux, c’est très important de ne perdre pas les liens avec tout ce qui concerne leur formation et notre école. Donc, à chaque fois que je reçois un courrier, j’essaie de donner une réponse presque immédiate ainsi que de personnaliser tous les messages en encourageant chacun. La situation prend une tournure totalement différente ! Les choses commencent à marcher. J’essaie de mettre en place d’autres outils, je crois que c’est le bon moment. Je reprends les blogs qu’on avait dès le début du cours en affichant de nouvelles activités réalisées par les élèves. De plus, on a un rendez-vous sur Google-Meet pour la première fois. Ceux qui y participent sont très reconnaissants. Les sourires se montrent, les émotions émergent. Il y a quand-même quelqu’un qui n’arrive pas à se connecter à cause d’une faible connexion sur internet : découragement !
Pourquoi je raconte tout cela ? Je crois que tous les petits détails de ce que j’ai vécu depuis le 13 mars m’ont amenée à réfléchir comme enseignante, à redessiner mon métier. Je me demande quel est mon rôle dans ce contexte totalement imprévu, cette situation nouvelle et inconnue, loin des apprenants, de mes collègues et de l’espace physique et quotidien qui m’entourait, avec une communication à travers les outils numériques. Sans doute n’arriverai-je pas à trouver les mots précis, à exprimer de manière adéquate ce que je ressens au niveau professionnel ainsi que personnel. Il y a quand-même un aspect sur lequel j’aimerais bien mettre l’accent. Il faut tirer profit de cette crise pour renforcer les liens « apprenant-enseignant » autrement, pour revaloriser le pouvoir de l’éducation que, même une pandémie, n’a pas pu arrêter. Comme Nelson Mandela disait, « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».