FLE et public scolaire

 

A travers cette rubrique, nous avons souhaité apporter des pistes de réponses aux professionnels du monde scolaire qui s’adressent à Bruxelles FLE, organisme spécialisé dans les publics allophones adultes. Elle a été réalisée grâce à la collaboration précieuse d’Alexandra Leconte, enseignante. Merci aussi aux experts du SEGEC, de l’UCL et de l’ULg consultés lors de son élaboration.

Si vous souhaitez approfondir vos compétences et vos connaissances sur le public allophone, vous trouverez un onglet sur les différents types de formations possibles en Belgique francophone.


Je travaille en milieu scolaire et je m’intéresse au public allophone

Pour répondre à cette question, il est important de faire la distinction entre un élève allophone et un élève primo-arrivant.

Selon la circulaire 7226 de la Fédération Wallonie-Bruxelles, « la définition de l’élève assimilé au primo-arrivant permet de prendre en compte le parcours migratoire de l’élève de nationalité étrangère qui a été peu scolarisé en Belgique malgré un temps de présence sur le territoire belge de plus d’un an ».

Alors qu’un élève allophone est un enfant dont la langue parlée est différente de celle enseignée à l’école, il commence l’apprentissage du français. Cet apprenant a déjà pu être scolarisé dans une autre langue ou être analphabète ou illettré.

Tout d’abord, en tant qu’enseignant, il est important d’accompagner et de favoriser les échanges avec les parents dont la langue parlée n’est pas le français pour qu’ils puissent plus facilement aider et s’impliquer dans la scolarité de leur enfant.

Voici quelques conseils afin de favoriser l’implication des parents :

  • Après l’arrivée de l’élève allophone au sein de sa classe, l’enseignant doit rapidement prendre contact avec ses parents pour qu’il puisse exprimer explicitement ses attentes (utilisation et signature du journal de classe, compléter les avis, les horaires, etc). Attention, il est préférable de proposer plusieurs jours et heures aux parents afin qu’ils puissent s’organiser au mieux mais aussi prendre le temps nécessaire pour comprendre les informations qui leur permettront de suivre au mieux leur enfant.
  • La communication doit se faire dans les deux sens, il est primordial de permettre aux parents de s’exprimer afin de créer un équilibre entre l’attente de l’enseignant et les efforts de mobilisation des parents. L’école doit se préoccuper du contexte familial afin de proposer une aide aux situations individuelles. Par exemple, si les parents ne peuvent pas fournir assez de temps au soutien scolaire de leur enfant pour diverses raisons, il est possible de leur conseiller de l’inscrire à l’étude ou dans une école des devoirs afin de réduire le temps consacré au travail scolaire à la maison.
  • L’école doit favoriser le vivre ensemble et inciter les parents à participer à la vie scolaire comme les fêtes d’école, les excursions, etc.
  • L’enseignant peut inviter certains parents à assister à certaines leçons pour qu’ils puissent vivre une ou des activité(s) leur permettant par la suite d’être plus à l’aise à la maison avec la scolarité de leur enfant.
  • L’enseignant doit faire en sorte de rédiger des avis simples et visuels. Il peut utiliser des pictogrammes pour simplifier la compréhension des informations importantes.

L’objectif des enseignants en apprenant le français aux élèves allophones n’est pas qu’ils ne parlent plus leur langue d’origine mais que les enfants puissent s’exprimer et comprendre aisément une deuxième langue.

Pour qu’un élève puisse communiquer correctement dans deux langues, il doit les entendre et les parler régulièrement. Cet apprentissage se fait souvent de manière naturelle car l’enfant va parler sa langue d’origine avec son entourage familial et il apprendra et entrainera son français à l’école. L’enfant comprendra rapidement qu’à l’école on parle le français et à la maison une autre langue.

Cependant, dans un premier temps, pour favoriser l’apprentissage du français qui sera sa langue minoritaire, il est conseillé que l’enfant puisse faire un maximum de choses en français à l’extérieur de l’école, par exemple, une activité sportive, écouter la radio, regarder la télévision, etc.

Vous trouverez des outils pour vous accompagner à l’intégration d’un élève allophone au sein de votre classe dans la partie : « Je travaille en milieu scolaire et je souhaite avoir des outils pour aider le public allophone ».

Il y a également des informations dans cette brochure éditée par la Fédération Wallonie-Bruxelles et dans cette brochure éditée par le SEGEC.

A partir du 1er septembre 2021, les enseignants dispensant le cours de français langue de scolarisation devront suivre ou avoir suivi une formation spécifique. Ce dispositif a pour but de permettre aux enseignants d’approfondir leur bagage pédagogique pour permettre aux élèves allophones un encadrement optimal (circulaire 7678 de la Fédération Wallonie-Bruxelles).

Votre direction ne peut pas, légalement, refuser l’inscription d’un élève allophone. Cependant elle peut orienter les parents et leur signaler qu’il existe des structures d’enseignement spécifique destinées à ce public (les classes DASPA).

Il est également important de souligner que depuis la rentrée de 2019 (circulaire 7232 de la Fédération Wallonie-Bruxelles), toutes les écoles qui accueillent des élèves non francophones peuvent bénéficier d’heures pour organiser un dispositif FLA (Français Langue d’Apprentissage). Ce dispositif qui se présente sous forme de remédiation permet de familiariser les élèves avec la langue de l’enseignement. 

Je travaille en milieu scolaire et je souhaite avoir des outils pour aider le public allophone

Dans cette partie, vous trouverez quelques outils et précisions pour faciliter l’intégration de l’élève allophone au sein de la classe et de l’école.  

Ce premier outil va vous permettre d’aider l’élève allophone à identifier les principaux acteurs de l’école, les personnes qu’il fréquentera régulièrement. Il n’est pas nécessaire de préciser toute l’équipe pédagogique afin de ne pas noyer l’enfant d’informations.

Vous trouverez également dans ce fichier, une « carte d’identité » pour le tuteur de l’élève nouvellement arrivé. Ce tuteur va être perçu comme un accompagnateur, une personne ressource pour l’élève ne parlant pas le français.

Vous pouvez utiliser cet outil de différentes manières soit comme badge, il vous suffira de coller une photo et d’inscrire le nom et le prénom des différentes personnes. Ces dernières devront le porter sur eux et le mettre en évidence ou alors simplement compléter ces cartes et laisser cette feuille à l’élève allophone pour qu’il puisse y avoir accès facilement.

Une autre possibilité est de découper ces cartes et de les placer pour former un organigramme des acteurs principaux de l’école.

Il est indispensable d’intégrer le plus rapidement possible l’élève allophone au sein de la classe.
Dans un premier temps, vous pouvez demander à chaque élève de porter une étiquette avec son prénom pour permettre à l’élève allophone d’assimiler plus facilement le prénom de ses camarades aussi bien oralement que visuellement.

De plus, vous pouvez utiliser cette feuille comme référentiel pour l’élève allophone en demandant à chaque enfant d’écrire son prénom sous sa photo. De cette manière, le nouvel élève pourra présenter sa classe à sa famille. Ces petites attentions lui permettront de se sentir accueilli mais aussi d’établir une dynamique de groupe.

Cet outil va permettre à l’élève allophone de visualiser facilement l’horaire de l’école mais aussi le déroulement d’une journée scolaire. Il sera certainement différent de son ancien horaire et il est donc important de lui expliquer pour qu’il puisse s’habituer à son nouveau rythme.

Pour faciliter l’intégration de l’élève allophone, il est important qu’il trouve rapidement sa place.

Il est donc intéressant de demander à chaque élève de se présenter afin qu’il puisse se trouver des centres d’intérêts communs. Les différentes présentations doivent être illustrées pour faciliter la compréhension du nouvel élève. En fonction de l’âge de vos élèves, vous pouvez varier les méthodes pour la présentation.

Chez les plus petits, vous pouvez proposer différentes images (sports, livres, dessins animés, aliments, jouets, etc.) et demander à chacun de choisir une image et leur demander d’expliquer leur choix. Chez les plus grands, vous pouvez leur demander de réaliser un exposé illustré qui représente ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas, leur sport préféré, leur repas favori, etc.

L’objectif de cette activité est d’accorder une place à l’élève allophone et de le valoriser, il est donc nécessaire que l’enseignant reste près de lui afin de jouer le rôle de l’interprète.

Afin de permettre à l’enfant allophone de se faire comprendre malgré la barrière de la langue, vous pouvez utiliser des pictogrammes.

Il ne faut pas les utiliser de manière isolée mais dans une perspective communicative. Les pictogrammes peuvent rassurer le nouvel élève en lui permettant d’exprimer facilement des besoins de première nécessité, des émotions, etc. Vous pouvez donc créer un lexique de « secours » avec des images pour signaler le besoin d’aller aux toilettes, si l’enfant ne se sent pas bien, etc.

Il est aussi conseillé de réaliser des pictogrammes avec le matériel scolaire pour permettre à l’enfant de repérer facilement ce qu’on lui demande. Il est également très important d’utiliser des images pour permettre à l’élève d’exprimer ses émotions.

Pour faciliter la communication avec les parents, il est également conseillé, si possible, d’utiliser des pictogrammes pour rendre les avis plus visuels. Par exemple, lors d’une sortie, vous pouvez indiquer l’heure d’arrivée et de départ sur des horloges, représenter le matériel nécessaire par des dessins, etc.

Exemples de sites ressources libres de droit :

Le Segec propose également une plateforme très intéressante avec des ressources pour les enseignants de DASPA :

Guide daspa FLE

Je travaille en milieu scolaire et je souhaite me former sur le public allophone

Vous trouverez dans cette rubrique les informations utiles sur les formations possibles en Belgique francophone.

Dans la circulaire 7778 de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous pouvons lire qu’à partir du 1er septembre 2021, il sera obligatoire de suivre ou d’avoir suivi une formation spécifique pour pouvoir dispenser le cours de français langue de scolarisation.
Vous trouverez également dans cette circulaire, la liste des formations proposées durant l’année académique 2020-2021 afin de permettre aux enseignants d’enrichir leur bagage pédagogique.

FEsec
Liège Université
IFC
Proforal/UCL

N’hésitez pas à consulter également la bibliographie réalisée par le Centre de documentation du Collectif Alpha dans le cadre de la journée organisée par la Plate-forme mineurs en exil ou encore leur webographie de 2018.